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Photo du rédacteurkaterina

Plan 75, adieu les vieux

Dernière mise à jour : 13 sept. 2022

Sorti en salles le 7 septembre 2022, Plan 75 nous plonge dans un Japon où les personnes de 75 ans et plus ont un accès facilité à l’euthanasie. Bouleversant, ce film d’une grande finesse raconte la mise à mort à grande échelle des citoyens âgés, à travers le récit de cinq trajectoires individuelles amenées à se croiser. Coup de cœur.


©2022 - PLAN 75 FILMS PARTNERS / URBAN FACTORY / FUSEE

C’est l’histoire de Michi, une femme qui décide de souscrire volontairement au programme que lui propose son bienveillant gouvernement, baptisé "Plan 75". A 78 ans, Michi est éligible. Bientôt d’ailleurs les critères d’éligibilité seront élargis pour permettre aux citoyens de s’inscrire dès 65 ans. Il faut dire que les incitations financières ont de quoi séduire les moins aisés d’entre eux : 100 000 yens – 680 et quelques euros – leurs sont offerts pour qu’ils s’accordent quelques plaisirs avant de mourir. Michi en profite pour s’offrir des sushis du tonnerre, une petite folie que ses revenus ne lui autorisent pas d’habitude.


Dans ce Japon dystopique où nous sommes immergés, tout est fait pour inciter les citoyens âgés à mettre fin à leur jour. Le vieillissement de la population s’accélérant, "plan 75" n’est rien d’autre qu’un programme d’euthanasie massive, une politique publique destinée à alléger la charge que représentent les vieux et les vieilles pour l’ensemble de la société.


Une pression diffuse


Même s’il est présenté comme un film de science-fiction, Plan 75 n’en donne pas l’impression : on plonge dans cet univers comme dans une réalité proche de celle que nous connaissons. La réalisatrice d’ailleurs le souligne : "Plan 75 n’existe pas dans la réalité, mais tout ce qui est décrit dans le film existe, comme le fait qu'un grand nombre de personnes âgées doivent travailler en raison de l'insuffisance du système de retraite".


Heureusement, la violence du propos est contrebalancée par la finesse du traitement qui en est fait à l’écran. Des liens se nouent entre les différents personnages : Maria, l’aide-soignante philippine ; Hiromu, recruteur du gouvernement ; Yoko, accompagnatrice téléphonique et Yukio, l’oncle d’Hiromu. La froideur du plan mis à exécution laisse la place à des instants de vie volés : un karaoké entre amies, une partie de bowling intergénérationnelle, une conversation où Michi se confie…



Glaçant et lumineux à la fois, ce premier long-métrage de la réalisatrice Chie Hayakawa éclaire sur la manière dont le vieillissement est perçu et vécu, au Japon mais aussi au-delà. "Il existe une pression diffuse sur les personnes âgées qui leur donne le sentiment d'être inutiles (…) Les médias attisent la peur de la vieillesse et du vieillissement de la société, de sorte que l'anxiété des gens augmente", explique-t-elle.


Edifiant, Plan 75 a de quoi vous bouleverser. Le film a d’ailleurs obtenu la Mention Spéciale Caméra d’Or au Festival de Cannes 2022. Si ce n’est pas déjà fait, faites-vous votre propre avis en allant le voir en salle. Pour connaître les séances, par ici.


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