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  • Photo du rédacteurkaterina

Hold-up sur les vieux : le modèle lucratif en question

Le business du grand âge : en voilà, un business florissant ! Les réalisatrices Laurence Delleur et Nathalie Amsellem lui consacrent un documentaire : "Hold up sur les vieux", diffusé le 14 mai sur Arte. C’est un coup de cœur : je vous raconte pourquoi.


Crédits : Christian Langballe sur Unsplash

S’occuper des vieux, leur proposer des produits et services est un marché : ce n’est pas une surprise. On parle d’ailleurs de silver économie pour désigner ce secteur et les perspectives prometteuses offertes par notre vieillissement. Je parle de "notre" vieillissement, parce que vieillir est une expérience commune. Ça ne vous a pas échappé : les vieilles et les vieux de demain, c’est nous !


Dans Hold-up sur les vieux, les réalisatrices Laurence Delleur et Nathalie Amsellem se concentrent sur un sujet précis : la "prise en charge des personnes âgées en perte d’autonomie", selon l’expression consacrée, dans des établissements reposant sur un modèle lucratif.


On parle ici d'établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), mais pas que : il est aussi question de structures présentées comme une 3ème voie entre l’Ehpad et le domicile, avec les colocations Ages & Vie du groupe Korian, rebaptisé Clariane.


Deux ans après les Fossoyeurs : rebelote ?


Deux ans après la publication des Fossoyeurs, l’enquête du journaliste Victor Castanet qui avait entraîné un débat houleux sur la maltraitance en établissement et sur les conditions d’accompagnement au sein du groupe Orpéa, rebaptisé Emeis depuis, nous y revoilà.


Les questions soulevées dans Hold-up sur les vieux sont sensiblement les mêmes : comment accompagner dans le respect de la personne et de sa dignité, dans un contexte où les conditions de travail sont souvent difficiles et où le personnel manque, malgré les besoins croissants ? Peut-on raisonnablement espérer générer des gains sans rogner sur la qualité de l’accompagnement ni sur le respect dû aux personnes ? Ces personnes sont ceux qu'on appelle habituellement les résidents des établissements, mais aussi leurs proches et les professionnels qui y travaillent, des femmes en majorité. 


Hold-up sur les vieux pose ces questions habilement. Le documentaire invite aussi à une prise de recul :


  • historique d’abord, en tendant notamment le micro à Ilona Delouette, docteure en économie. Celle-ci rappelle que l’ouverture du marché des Ehpad à des opérateurs privés s’inscrit dans un contexte politique et idéologique précis. "A partir de 1997, on ouvre les financements publics peu importe le statut de l’établissement (…). On se dit que si le privé lucratif va construire les Ehpad, alors ça coûtera moins cher à la collectivité. On est dans un référentiel libéral à l'époque, où on considère que si on crée de la concurrence, on va avoir une meilleure qualité, une meilleure efficacité des services".


  • prise de recul culturelle ensuite, avec un tour d’Europe des abus mais aussi des modèles d’accompagnement. DomusVi en Espagne, Four Seasons Health Care au Royaume-Uni... Qu’en est-il au Danemark ?  Là-bas, la prise en charge repose sur un modèle où les municipalités jouent un rôle clé et où l’impôt finance les services aux aînés. Le documentaire met aussi en avant l’existence d’un acteur influent : Ældre Sagen, un lobby qui agit pour la défense des droits des personnes âgées.


Forte de ses 900 000 membres, cette organisation non gouvernementale pèse dans les décisions prises au niveau politique. En France, le Conseil National Autoproclamé de la Vieillesse (CNAV) créé fin 2021 pourrait jouer un rôle équivalent. Et si en se saisissant collectivement de cette question comme le font les Danois, on augmentait nos chances de prendre des décisions éclairée en matière de politiques du grand âge ?


Pour aller + loin :   


Pour poursuivre la conversation, rdv sur Instagram : @Coupdevieilles.

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